Le Christianisme et le supermarché des religions 30/05/2025

Le Christianisme et le supermarché des religions

 

Dans l’empire Romain, on avait un paysage religieux complexe. C’est dans ce cadre que va se développer le christianisme. On a une offre religieuse multiple et John North pour la désigner a inventé une expression « market-place of religions »,c’est même un grand marché aux puces puisque tout y est ancien précise Philippe Borgeau[1] « On y trouve « des morceaux de rites, tout un bric à brac de mythes ou de spiritualités échoués là de toutes parts. C’est un dépôt immense, magasin hétéroclite, une sorte de dictionnaire des symboles. » C’est dans ce marché que les concepteurs du christianisme vont se fournir.

Voici quelques éléments qui nous semblent recyclés par le christianisme.

-La présence de phénomènes surnaturels accompagnant les naissances de Zeus, d’Hermès de Romulus et Remus, de Dionysos du Bouddha et celle de Jésus

-La mort de Romulus et celle de Jésus

– La Création de l’homme par EnkiI puis par le Dieu chrétien

-Le déluge façon Mésopotamienne et façon chrétienne

-La communion de la façon Égyptienne à la façon Chrétienne

-La pesée des âmes, chez les Égyptiens et chez les chrétiens.

-Le roi soleil Akhenaton. Sol invictus et Jésus Lumière du monde

 

I°)PHÉNOMÈNES SURNATURELS accompagnent la naissance et la mort des dieux

Des phénomènes surnaturels accompagnent la naissance ou la mort de certains personnages

  1. Naissances ; On a beaucoup de naissances mythiques[2]

Zeus naît dans une grotte située sur le mont Ida et il est placé non dans un berceau mais dans un Liknon d’or[3] il est nourri par la Chèvre Amalthée et l’Abeille Panacris.

Le poète Gallimaque, III° siècle avant n.è., raconte ainsi cette naissance

« Zeus, les nymphes méliennes du Dictè, les compagnes des corybantes, te prirent dans leurs bras, et la nymphe Andrastée te berça dans un liknon d’or. Tu as sucé la mamelle féconde de la chèvre Amalthée et tu te nourrissais aussi de doux miel car, tout de suite, l’abeille Panacris se mit au travail, soudain sur les montagnes de l’Ida qu’on appelle Panacra. Et autour de toi les Courètes dansèrent l’haletante prylis, en frappant sur leurs armes, afin que les oreilles de Cronos n’entendent pas le son de tes vagissements, mais le son de leurs boucliers. »[4]

À cela s’ajoute un autre témoignage qui dit que « dans la grotte où naquit Zeus, personne ne pouvait entrer, ni dieu, ni mortel. Et chaque année on voit un feu éclatant jaillir de l’intérieur.

HERMÈS, nait lui aussi dans une grotte et ne dort pas dans un berceau mais lui aussi dans un Liknon, en osier

DIONYSOS, « à certaines périodes sur le mont Parnasse l’antre corycien qui contenait le Liknon de Dionysos resplendissait d’une lumière d’or. Comme pour Zeus et plus tard une des versions de la nativité de Jésus.

BOUDDHA

« La reine Mayā, « illusion », épouse principale du puissant roi Çddhodana, régnant à Kapilavastu sur tout le peuple des Çākya, aussi nombreux que riches et bien armés, serait devenue enceinte après avoir vu en rêve un éléphant blanc, signe d’une heureuse et illustre naissance. Dix mois plus tard elle aurait donné le jour à un enfant merveilleux né de son flanc droit et qui se serait aussitôt dressé sur ses petits pieds pour proclamer sa grandeur future ce que les devins accourus auraient confirmé sans la moindre réserve.

Cet évènement aurait été marqué solennellement par d’extraordinaires miracles, tonnerre, tremblements de terre, jets de lumière jusqu’aux mondes les plus éloignés, par lesquels les dieux manifestaient leur joie et annonçaient la bonne nouvelle à l’univers entier »

ROMULUS , REMUS, et JÉSUS

Naissance :

Pour Marcus Varron Rome est fondée en 753 par Romulus et Remus, et dans des circonstances indubitablement surnaturelles. Ces estimables jeunes gens avaient de qui tenir puisqu’ils étaient nés des amours de Rhea Sylvia fille du roi albain Numitor et du dieu Mars en personne (…) une Louve secourable les nourrit, relayée par la suite par un Pic -vert, deux animaux consacrés au dieu Mars. (La Louve Lupa désignait aussi une dame qui fait commerce de ses charmes d’où Lupanar)

Les jumeaux se disputent Romulus occit Remus qui a commis le sacrilège de sauter par-dessus le pomoerium. En même temps il élimine un concurrent. Tacite formule cela de façon élégante et concise : insociabile regnum, le pouvoir ne se partage pas.[5]

JÉSUS

  1. Naissance

Elle est racontée dans les évangiles de Matthieu et de Luc et dans le protévangile de Jacques

Pour Matthieu il serait né à Bethléem dans une maison. « En voyant l’étoile ils (les mages) éprouvèrent une joie immense. Entrés dans la maison ils virent l’enfant avec Marie sa mère »[6]

Donc chez Matthieu pas de grotte, pas de mangeoire, pas de bergers, pas de brebis pas plus que d’âne ou de bœuf. Jésus n’est pas l’enfant humble mais le roi des juifs ;

-Autre évangéliste Luc. Là jésus est dans une mangeoire et non banalement dans une maison. Luc convoque Marie, Joseph ,un troupeau, des bergers, des Anges et des gens surpris au moment de l’annonce de la naissance. L’élément important est la mangeoire « vous trouverez un enfant emmailloté couché ans une mangeoire »[7] La mangeoire est citée à trois reprises dans le texte, c’est le signe qui permettra aux bergers d’identifier le Sauveur. Cela suggère qu’on est dans une étable car le texte n’en parle pas. La présence des bergers « qui veillaient toute la nuit en gardant leur troupeau suggère une atmosphère nocturne et l’éclairage est un élément essentiel d’une crèche, le ciel étoilé est incontournable, les bergers, la mangeoire, les moutons suggèrent un paysage agreste. [8]

Le protévangile de Jacques fournit d’autres renseignements

« Marie lui dit : « Joseph descend moi de l’âne, car ce qui est en moi me presse pour sortir » Et là il la fit descendre et lui dit : » « Où t’emmènerai-je et mettrai-je à l’abri ta pudeur ? car l’endroit est désert. »[9] Joseph part chercher une sage-femme juive. Il en trouve une, lui conte l’affaire. Elle le suit.

L’accouchement

« Ils se tinrent à l’endroit de la grotte. Et une nuée lumineuse couvrait la grotte. » Les yeux de la sage-femme virent des choses extraordinaires, la nuée se retira de la grotte. Une grande lumière apparut dans la grotte et lorsqu’elle se retira apparût un nouveau-né

« Et il vint prendre le sein de sa mère Marie. Et la sage- femme poussa un cri et dit » Qu’il est grand pour moi, le jour d’aujourd’hui : J’ai vu cette merveille inédite. »[10]

Dans ces naissances mythiques c’est souvent que des animaux veillent sur les nouveaux nés qui sont contraints de fuir la communauté humaine, ils les nourrissent et les protègent

C’est le cas de Romulus et Rémus allaités par une Louve, du petit Zeus, persécuté par Cronos et qui est nourri par une chèvre »[11] Jésus est menacé par Hérode s’il est nourri par Marie c’est l’âne et le bœuf veillent sur lui.

Comme pour la naissance de Zeus ou celle de Dionysos on évoque des phénomènes  lumineux dans la version de la naissance de Jésus dans le Protévangile de Jacques.

  1. Décès -Des morts particulières

En fait si l’on en croit Plutarque Romulus ne meurt pas réellement mais disparaît au cours d’une cérémonie où la nature se manifeste avec violence : Alors qu’il tenait une assemblée du peuple au lieu- dit « le Marais de la Chèvre il « se produisit dans les airs des phénomènes étranges (….) la lumière disparut, la nuit se fit une nuit qui n’était ni calme ni paisible, mais pleine de coups de tonnerre terrifiants et de vents impétueux (…) quand la lumière reparut la foule chercha le roi. Les sénateurs dirent « qu’il venait d’être enlevé parmi les dieux » Plutarque XXVII-1[12]

Nous trouvons des phénomènes semblables lors de la mort de Jésus. Écoutons Matthieu

XXVII -50 « Et Jésus cria encore à grande voix et rendit l’esprit »

XXVII-51- Et voilà que le rideau du sanctuaire se fendit en deux du haut en bas, la terre fut secouée, les roches se fendirent

XXVII-54 Or à la vue de la secousse et de ce qui arrivait, le centurion et ceux qui gardaient Jésus avec lui furent fort effrayés et dirent : Celui-ci était vraiment fils de Dieu[13]

C-) Sur la disparition et la réapparition des corps

Donc Romulus a disparu. Ce problème de disparition des corps ressemble fort à d’autres récits légendaires faits par les Grecs tel celui d’Alcmène « le corps d’Alcmène disparut aussi dit-on au moment où on l’emportait : On ne retrouva sur le lit funèbre qu’une pierre »[14]  Plutarque XXVIII -7

« Alcmène mère d’Héraclès Quand elle fut morte, Zeus envoya Hermès pour la transporter dans l’île des Bienheureux ; pour d’autres elle fut transportée jusque sur l’Olympe où elle participa aux honneurs divins de son fils »[15]

Romulus réapparaît à Proclus son fidèle ami : Alors dit-on, Julius Proclus, l’ami fidèle prêta serment et dit qu’il avait vu apparaître Romulus qui lui dit : « Les dieux ont voulu Proclus que je ne vive pas plus longtemps parmi les hommes, et qu’après avoir fondé une cité promise à une puissance et à une gloire immense, je retourne habiter le ciel d’où je suis venu » [16]

Il sera la divinité tutélaire Quirinus. « Ils prièrent et invoquèrent Quirinus comme un Dieu » p 118

Les réapparitions de Jésus : Durant les quarante jours qu’il passe sur terre il paraît plusieurs fois notamment à Marie Madeleine (Jean.XX,11-18) (Marc XVI,9) et aux Apôtres, (Luc XXIV, 36-49 et Jean XX, 19-23)

MARAVAL, dans sa biographie de Théodose dit qu’en 395, Ambroise, à l’occasion de l’oraison funèbre dit « que l’annonce de la mort de l’empereur fut annoncée par des tremblements de terre, des pluies incessantes, un brouillard plus épais que d’habitude (Cela ressemble à la mort de Christ)[17]

LES DIEUX ETANT CREES Ils vont créer l’Homme

I° Au commencement La Création de l’Homme

  1. En Mésopotamie

1°) Le Contexte

C’est dans le poème d’AtrHasîs,la grande genèse babylonienne 1646-1626 avant notre ère qu’on trouve l’épisode de la création de l’homme[18]. En ce temps- là il y avait de grands dieux et des dieux serviteurs qui cultivaient la terre pour les nourrir et accomplir toutes sortes de corvées à leur service. Ces derniers finissent par se lasser et protestent contre leur statut pénible auprès du grand dieu Enlil. C’est Enki le dieu rusé et intelligent par excellence qui trouvera la solution et c’est là que fut décidée la création de l’homme pour remplacer les autres dieux pour les corvées.

« Lorsque les dieux faisaient l’homme,                                                                                                         Ils étaient de corvée et besognaient                                                                                              Considérable était leur besogne,                                                                                                              Leur corvée lourde, infini leur labeur.                                                                                                          Car les grands Anunnaku,                                                                                                             Imposaient une corvée septuple !

2°) La Création de L’homme

Enki immolera un dieu et mélangera sa chair et son sang à l’argile de la fabrication, à partir duquel Mammi la sage -femme produira l’homme (ce mélange dieu/argile explique l’existence d’une âme qui survit à la mort). On immole le dieu Wê, « esprit », pour cela.         L’opération réussit, les Igigu sont libérés de leurs corvées, « les dieux sont de loisir ».

Lors on immolera un dieu                                                                                                                            Avec sa chair et son sang                                                                                                                       Nintu mélangera de l’argile                                                                                                                        Ainsi seront associés du dieu et de l’homme                                                                                        Réunis en l’argile                                                                                                                                     De par la chair du dieu                                                                                                                                     Il y aura un « esprit » [19]

  1. Dans la bible

Poursuivant notre marché, nous trouvons un document qui dit : « Élohim faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance » Genèse 1,26 et plus loin « Alors Iahvé Élohim forma l’homme, poussière provenant du sol, et il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint âme vivante » Genèse 2, 7[20]

Figure 1 la création d’Adam Tiré de art-Prints-on Demand . com

 

 

Dans les deux histoires l’Homme est formé à partir de la terre et il possède une part divine donnée par le mélange de la glaise avec un sang divin pour l’un et par le souffle divin dans l’autre

II LE DÉLUGE

  1. En Mésopotamie

C’est G. Smith qui en 1872 découvre une histoire fort proche, même par les détails les plus significatifs du récit biblique du Déluge, mais qui lui était antérieure et l’avait manifestement inspiré. Ce récit nous le savons aujourd’hui, composait la XI° et dernière tablette de la célèbre « Épopée de Gilgamesh » dans sa version de la fin du II° millénaire et les auteurs de cette épopée l’avaient tirée d’un poème du XVII° siècle avant notre ère »[21]

Bottéro conclut que La bible ne peut plus être considérée comme le plus ancien livre connu

Cette découverte permet de comprendre les phénomènes de transfert d’une religion à une autre

Figure 2 Jan van Scorel, le déluge

Les hommes, au départ immortels, se multiplient et leur vacarme sur terre empêche Enlil de dormir. Pour s’en débarrasser on fait le déluge.
Dans cette XIe tablette de l’Épopée : les dieux décident d’anéantir le genre humain, mais le dieu Ea prévient Utnapishtim et lui conseille de construire un bateau pour sauver sa famille et un certain nombre d’animaux. Le Déluge est provoqué par une pluie torrentielle qui dure sept jours. Le huitième, Utnapishtim lâche une colombe et, peu après, une hirondelle, mais les oiseaux reviennent. Finalement, il lâche un corbeau qui ne revient plus. Alors Utnapishtim débarque sur le mont Nishir et offre un sacrifice aux dieux. Ceux-ci découvrent avec surprise que le genre humain n’a pas été anéanti

« Enlil ouvrit la bouche, prit la parole (…)

La rumeur des hommes est devenue trop forte

Je n’arrive plus à dormir avec tout leur tapage »[22] p 559

Donc c’est pour noyer ces gens bruyants que le Déluge est organisé et l’on prévoit même un bateau « Ce sera un vaisseau appelé « Sauve vie » p 563

  1. Dans la Bible

Dans l’Ancien testament « Iahvé vit que la malice de l’homme sur la terre était grande et que tout l’objet des pensées de son cœur n’était toujours que le mal » Gen VI,5                          Iahvé « se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre et il s’irrita en son cœur » VI,6                                           Iahvé dit « « je supprimerai de la surface du sol les hommes que j’ai créés, depuis les hommes jusqu’aux bestiaux jusqu’aux reptiles et aux oiseaux car je me repens de les avoir faits » VI,7  Mais Noé trouva grâce à ses yeux VI,8 »[23]

Figure 3 Hans Baldung, Arche de Noé

Dans les deux cas on a une divinité qui mécontente de sa création décide de l’anéantir. Dans les deux cas il y a des survivants et dans les deux cas, grâce au bateau « Sauve vie » pour l’un, l ’Arche pour Noé pour l’autre. Donc l’histoire biblique du Déluge (Genèse, VI, 5 ; VIII, 22) a, très probablement été empruntée par les Hébreux au mythe Babylonien.

III-L’œuf et l’Ostie

Dans une conférence donnée à l’Université de Caen « Noms de Dieu » Corinne Bonnet évoque un Papyrus magique dont la graphie évoque la forme d’une flèche. Il dit :                Écris le nom à l’encre de myrrhe sur deux œufs mâles. Avec le premier purifie toi, lèche le nom et jette- le après l’avoir brisé. Le second tiens- le dans ta main droite partiellement ouverte en le montrant au soleil vers le levant (en portant une couronne) de branches d’olivier.                                                                                                                                                        Lève ta main droite en supportant ton coude avec ta main gauche, puis prononce 7 fois la formule, brise-le, gobe-le. À faire pendant 7 jours matin et soir en récitant la formule.       L’œuf est le symbole de Cosmos et l’Océan primordial contient les germes de la création et un œuf.

 

 

 

 

                                                                

 

 

        Papirus magique

     Œuf cosmique

L’œuf ingéré par l’homme lui permet d’entrer en communication avec le divin. On a une intimité forte

En Égyptien le même mot signifie Avaler et connaître

Les chrétiens, lorsqu’ils avalent l’hostie consacrée ne font-ils pas la même chose.

 

  1. V) LA PESÉE DE L’ ÂME.

Dans l’Égypte antique le défunt doit comparaitre devant un jury pour faire reconnaître ses droits à la vie éternelle.

 

Figure 4 La pesée du coeur. Chapitre 30B du Papyrus d’Ani

 

C’est dans le livre des morts que se trouve l’illustration de la première évocation du jugement de l’âme. On y voit Ani et son épouse respectueusement courbés devant une balance à un fléau où sont suspendus deux plateaux.

Le cœur d’Ani est posé sur le plateau de gauche en équilibre parfait avec le plateau de droite qui contient une plume d’autruche symbole de la rectitude (Maât). Le bon déroulement de la pesée est assuré par Anubis et Thot enregistre le résultat.

Longtemps après les chrétiens font de saint Michel archange le peseur des âmes.

 

  1. VI) AUX ORIGINES DU MONOTHÉISME ET DU VRAI DIEU

 

En Égypte

C’est lorsque Akhenaton déclenche les persécutions contre les nombreuses divinités du panthéon Égyptien qu’on a le premier signe tangible de l’arrivée du monothéisme.             « Au début de son règne on disait du dieu soleil, « Il n’y a pas d’autre dieu comme lui » Plus tard on lira « Il n’y a que lui »

« C’est lui qui le premier a introduit dans la pensée religieuse une innovation que l’on attribue habituellement à Moïse : la distinction entre le vrai et le faux. En se fondant sur cette séparation, il a rejeté et aboli toute la tradition polythéiste de l’ancienne Égypte en faveur d’un dieu nouveau appelé « le maître du disque vivant ».[24]

« C’est l’étape décisive vers le monothéisme »[25]

On trouve un cheminement semblable dans la Bible

 

  1. B) L’Égypte et la Bible

THomas Romer nous dit :« Sans l’Égypte, il n’y aurait pas de Bible. De fait, il suffit d’ouvrir la Bible Juive ou la Bible chrétienne pour constater que les références à l’Égypte sont omniprésentes. » « Je Suis Yahvé, ton Dieu, qui t’a fait sortir du pays de l’Égypte, de la maison de servitude, tu n’auras pas d’autres dieux face à moi. ». « Tu ne te prosterneras pas devant un autre dieu ». C’est que Yahvé a pour nom Jaloux, c’est un dieu jaloux

« Le « dieux jaloux » n’admet pas l’existence d’autres dieux et invite même expressément ses fidèles à détruire les symboles des autres religions » [26]

Les affirmations bibliques de ce principe se trouvent essentiellement dans l’Exode (Exode,20, 1-6) et 34, 11-14)[27]

 

VII) AUX ORIGINES DU DIEU SOLEIL

 

1°) Naissance en Égypte

 

C’est Ptah « qui a fait exister les dieux » [28] et c’est Atom qui aurait créé Râ le soleil, présent,  agissant et puissant sur tous les plans.

2°) Sa puissance comme valeur énergétique

Le soleil est d’abord la condition nécessaire de toute vie. Les gens voyaient mûrir les moissons

3°) Son importance politique

Le soleil est aussi une valeur d’unité politique. Il est utilisé par de nombreux gouvernements pour asseoir la légitimité de leur pouvoir

Figure 5 Râ, le Soleil les rayons se terminent par des mains

Ici, graphiquement le gouvernement universel est symbolisé par les nombreuses mains de Dieu auxquelles tout était accessible. Après quelques tentatives inabouties d’accrocher des mains au disque solaire, est apparue l’image parfaite, simple et géniale d’Aton rayonnant »[29]

On retrouve le soleil avec le Culte de Mithra qui apparut « dès la fin du, I° siècle de notre ère. Son succès fut foudroyant et persista plus de 300 ans d’un bout à l’autre de l’Empire Romain. Il attira des dizaines de milliers d’adeptes nous dit Laurent Bricault[30] et au III° siècle l’empereur Aurélien (270-275) fait au « Soleil invaincu » une place officielle, il en fait le patron principal de l’empire Romain[31] ; on le fête le 25 décembre jour de sa naissance,on lui fait même un temple au Champ de Mars. Pur hasard le 25 décembre est aussi la date choisie par les chrétiens pour la naissance de Jésus

Ce culte reste très vivace même au moment où Constantin arrive au pouvoir car avant la bataille du pont Milvius où en 312 il élimine Maxence, il accordait une place prédominante au culte du Soleil auquel il s’assimilait, se présentant comme la personnification terrestre du dieu. Sa dévotion au culte solaire date du printemps 310

On a un multiple d’or de Tricinum (313) donc un an après Milvius où Constantin figure à côté du Soleil

Figure 6 Multiple d’or de Tricinum (313) avec Constantin a côté du Soleil

 

Même si Constantin « rendit une profusion d’honneurs au Dieu chrétien, dont beaucoup allaient au-delà du modèle traditionnel des privilèges impériaux accordés à un culte » [32] il ne se risqua pas à placer sur l’arc qui rappelle son triomphe des signes chrétiens. D’ailleurs il ne se fit baptiser que sur son lit de mort.

Constantin se contenta de ne plus sacrifier aux cultes païens qui étaient des cultes du faire, du coup il vide ainsi le polythéisme, « le christianisme devient un culte parmi d’autres et bénéficie de la sympathie de l’Empereur, la religion publique n’est plus qu’une coquille vide même si l’empereur conserve son titre de Grand Pontife.»[33]

4°) Persistance du Soleil dans l’art chrétien

Le culte solaire était si important que le christianisme dut faire avec.

Les chrétiens réalisèrent que le meilleur moyen de lutter contre le paganisme n’était pas de s’opposer à lui mais de l’absorber. On donna donc au christianisme une coloration solaire

Et la bible dit que Jésus est la lumière du monde « Jésus leur parla de nouveau et dit : je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais il aura la lumière de la vie. »

De nos jours le soleil se retrouve physiquement dans l’orientation des églises, Est -Ouest car le soleil (Jésus) se lève à l’Est on le retrouve sur de nombreux clochers sous la forme d’un coq car son chant se fait lorsque le soleil se lève, il est aussi présent dans les ostensoirs puisque de l’hostie consacrée qui est au centre partent les rayons de soleil. On retrouve cela dans les crucifix à l’intersection des deux montants de la croix pour indiquer que c’est bien le crucifié qui est la Lumière de monde

 

 

 

 

 

 

 

[1] BORGEAUD Philippe, Aux origines de l’histoire des religions, Seuil- histoire 2004, ici 2011 Un vol in 8 de 381p voir p 13-14

[2] Beaucoup de ce qui suit est tiré de, BETTINI Maurizio, Noël, aux origines de la crèche, Seuil, Librairie du XXI° siècle, 2019, 1 vol in 8 de 213 p

[3] Le Liknon est un panier en osier utilisé pour vanner le grain. Pour Zeus il est en or. voir BETTINI Maurizio, Noël 2019 p 41

[4] BETTINI

[5] JERPHAGNON Lucien, Histoire de la Rome antique, les armes et les mots. Tallandier, 1987, 1 vol in 8 de 552 p voir p 27-28

[6] Matthieu, 2,1-12

[7] Voir Luc 2,6-20

[8] Voir Bettini

[9] Protévangile de Jacques XVII,2 p 94

[10] Ibid XIX,2 p 99

[11] BETTINI Maurizio, Éloge du Polythéisme, Ce que peuvent nous apprendre les religions antiques, Belles Lettres 2016, 1 vol in 8 de 210p voir p 41

[12] PLUTARQUE, Vies parallèles, traduction Anne-Marie Ozanam. Gallimard Quarto,2001,1 vol in 8voir XXVII-1 (Plutarque Grec de Chéronée 46-125)

[13] BIBLE, Nouveau Testament, dir. Jean Grosjean et Michel Léturmy, Gallimard Pléiade 1971, 1 vol in 8 , Évangile selon Matthieu.XXVII-50-51-54

[14] Plutarque XXVIII -7

 

[15] GRIMAL Pierre, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine. Paris, P.U.F. 1969, 1982 ici. 1 vol in 4 p 26

[16] Plutarque XXVIII-1 et 2 p 117

[17] MARAVAL Pierre, Théodose le Grand, Fayard, p 283

[18] C’est dans Le poème d’AtraHasîs le Supersage qu’on trouve la grande Genèse babylonienne qui a été composée en akkadien (plus vieux manuscrit copié par Kasap-Aya sous le règne d’Ammi-sadûqa, quatrième successeur de Hammurabi, 1646-1626, Av Notre ère) on y trouve l’épisode de la création de l’Homme.

[19] Extrait de l’Épopée de Gilgamesh in BOTTÉRO Jean, KRAMER Samuel, Lorsque les dieux faisaient l’Homme, mythologie Mésopotamienne, Gallimard bibliothèque des histoires 1989, 1 vol in 8 de 755p voir p 537 à 541

[20] BIBLE La, Ancien Testament dir. Edouard Dhorme , Gallimard Pléiade 1956, 2 Vol.

[21] BOTTÉRO Jean, Au commencement étaient les Dieux.Fayard , Pluriel, 2014, 1 vol in 12 de

255p voir p 21

[22] Toutes les citations de l’épopée de Gilgamesh sont extraites de BOTTÉRO Jean, KRAMER Samuel, Lorsque les dieux faisaient l’Homme, mythologie Mésopotamienne, Gallimard bibliothèque des histoires 1989, 1 vol in 8 de 755p

[23] Toutes les citations bibliques proviennent de l’édition de la Pléiade, BIBLE La, Ancien Testament dir. Edouard Dhorme, Gallimard Pléiade 1956, 2 Vol. ici T1

 

[24] Jan Assmann, professeur d’égyptologie à l’université d’Heidelberg. In le traumatisme monothéiste dans Ce que la Bible doit à l’Égypte, Bayard 2008, 1 vol in 8 p 93

[25] Ibid p 91

[26] Bettini

[27] Exode 20, 1-6

2 « Je suis Iahvé, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison des esclaves :

3 Tu n’auras pas d’autre dieu en face de moi.

4 Tu ne feras pas d’idole, ni aucune image de ce qui est dans les cieux en haut, ou de ce

qui est sur la terre, en bas ou de ce qui est dans les eaux sous la terre

5 Tu ne te prosterneras pas devant eux et tu ne les serviras pas. Car moi, Iahvé, ton Dieu,

je suis un dieu jaloux…

Exode , 34, 11-14

11 Observe pour toi ce que je t’ordonne aujourd’hui !  (…)

12 Garde -toi de conclure une alliance avec l’habitant du pays dans lequel tu entreras de

peur qu’il ne de un piège devienne un piège au milieu de toi

13 Mais vous renverserez leurs autels, vous briserez leurs stèles et vous couperez ses

Ashérah (les pieux sacrés)

14 Car tu ne te prosterneras pas devant un autre dieu. C’est que Iahvé a pour nom

Jaloux, c’est un dieu jaloux !

[28]Pour Mircea Eliade c’est à Memphis qu’aurait été élaborée autour du dieu Ptah la théologie la plus systématique Le texte a été gravé sur une pierre au temps de Pharaon Shabaka (environ 700) mais l’original date de 2000 ans plus tôt

« Ptah crée par son esprit (son cœur) et son verbe (sa langue). « Celui qui s’est manifesté comme le cœur (=esprit) celui qui s’est manifesté comme la langue (=le verbe) sous l’apparence d’Atum. Il est Ptah le très ancien…)

Ptah est proclamé le plus grand dieu.

[29] Ibid p 81

[30]  BRICAULT Laurent et ROY Philippe, Les cultes de Mithra dans l’Empire romain. PUM 2021, 1 vol in 8.

Dans le Catalogue de l’exposition sur Mithra Alès CHALUPA signale des similitudes entre le culte Mithriaque et le christianisme, les repas cultuel Tous deux naissent au I° siècle et les deux cultes opèrent hors de la religion civique, enfin les deux cultes sont créateurs de l’ordre cosmique et social et les deux religions légitiment leur message en faisant référence à des traditions religieuses plus anciennes dont elles prétendent être les héritiers Pour Mithra Perse Zoroastre/Zarathoustra le prophète persan Pour le christianisme par Yahvé et les écritures juives sont intégrées dans le canon chrétien

[31] Merci à Pascal Capus de m’avoir fourni la copie de l’article d’Antony Hostein sur le sujet

[32] LANE FOX

[33] SCHEID idem

 

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